Comme dans un film
SEQ 1 : salle de restaurant, ambiance très élégante
Jean-Luc est assis seul à une table. Après avoir dévoré une dernière bouchée de sa « féra sur lit de poireaux », il s’essuie la bouche avec une serviette blanche.
En se caressant le ventre d’un air comblé, il appelle le serveur avec un geste de la main.
« Excusez-moi, pourriez-vous m’indiquer où se trouvent les toilettes ? »
« Au fond de ce couloir à gauche, Monsieur. » répond le serveur en faisant une courbette.
Jean-Luc se lève et se dirige dans la direction montrée par le serveur.
SEQ 2 : dans le couloir
Jean-Luc marche lentement en se caressant encore le ventre. Il sifflote une chanson de Noël. Au bout du couloir, il ouvre la porte de droite. La caméra tourne à 180 degrés et montre, en face, la porte avec l’écriteau « Toilettes ».
SEQ 3 : petit bureau
Le bureau est peu meublé, avec une table, deux chaises, un canapé et une armoire. Il y a aussi, devant la seule fenêtre, un magnifique sapin décoré pour Noël. Jean-Luc se gratte la tête.
« Ce ne sont pas les toilettes ! »
Puis son regard se porte sur le sapin. Ses yeux se remplissent de larmes.
« Il est beau comme celui que faisait maman à côté de la cheminée… », murmure-t-il.
Avec sa démarche maladroite, il s’approche du sapin. Il observe de près quelques décorations, admiratif. Sans le vouloir, Il percute avec son ventre une boule jaune qui s’écrase par terre. Son visage devient tout rouge et on y lit un grand embarras.
D’autant plus qu’on entend des voix devant la porte du bureau. Jean-Luc regarde en direction de la porte, hésite un court moment avant de se dissimuler dans l’armoire.
Deux hommes entrent dans la pièce. Le premier tient un pistolet dans sa main et le pointe sur le deuxième.
SEQ 4 : dans l’armoire
Jean-Luc peut voir ce qui se passe dans la pièce par une fissure qui lui illumine une partie du visage. Il aperçoit le pistolet et se porte une main sur la bouche. Jean-Luc transpire abondamment, sa respiration part au galop.
Soudain, il aperçoit une souris cachée, elle aussi, dans l’armoire. Il essaie de la repousser avec son pied, paniqué. Mais l’armoire est trop petite pour sa stature et son ventre.
SEQ 5 : dans le bureau
Retour dans le bureau. L’homme armé pointe toujours son pistolet sur le deuxième homme.
« Tu n’aurais pas dû faire ça ! ».
Sans lui laisser le temps de réagir, il tire sur sa victime qui s’écroule au sol, sans vie.
SEQ 6 : dans l’armoire
A cause du coup de feu, la souris panique et se glisse sous le pantalon de Jean-Luc.
En criant, celui-ci se jette sur la porte de l’armoire, qu’il ouvre avec tout le poids de son corps.
SEQ 7 : dans le bureau
Les portes de l’armoire s’ouvrent et laissent tomber au sol Jean-Luc, qui se retrouve à côté du cadavre. Le tireur ouvre grand ses yeux en faisant un pas en arrière.
Soudain, un homme avec une casquette blanche calée sur le visage apparaît au centre du bureau. Il regarde méchamment Jean-Luc qui est toujours à terre, nez à nez avec le cadavre, et ne bouge pas.
« Mais ce n’est pas possible ! C’est quoi ce figurant ? Qui a mis un figurant dans l’armoire ? Pause. On reprend dans 15 minutes. »
La caméra zoome arrière. On voit d’autres acteurs, les cadreurs, un perchiste et une maquilleuse. Le « cadavre » se remet debout et jette un regard désolant ders Jean-Luc. Celui-ci se lève à son tour, surpris et gêné. Il s’excuse timidement, mais personne ne l’écoute.
Il aperçoit une table avec des rafraîchissements. En haussant les épaules, il va se servir une part de tarte au chocolat, l’avale en un seul morceau et quitte la pièce en se léchant les doigts.
Le courant d’air provoqué par la fermeture de la porte fait envoler des papiers qui se posent au sol. La caméra zoome sur l’un d’eux et on aperçoit le titre : « Intérieur jour, scène dix ».
Sibilla La Spina