« En Noir et Blanc », tel fut le thème proposé à l’occasion du 12ème concours organisé par notre Association EcritureS Onex. Les écrivains-candidats nous ont régalés par leurs récits, tantôt opposant ces deux contraires, que sont le noir et le blanc, tantôt les imbriquant et les mêlant jusqu’à obtenir toutes les nuances de gris.
On nous a enseigné que les couleurs et leurs éclats sont parfois trompeurs, traductions d’émotions superficielles et furtives. Un lac gelé ne se transforme-t-il pas en miroir d’argent, magie du clair de lune ? Nos cœurs ne sont-ils pas réchauffés par la neige incandescente des braises d’un âtre ancestral ?
On nous a aussi rappelé que le noir et le blanc codifient les étapes et les évènements qui jalonnent notre vie, la robe blanche de la mariée nous invitant à la gaieté, tandis que le noir appelant au silence et parfois à l’obéissance. Les coutumes se perdent certes, mais les préjugés parfois demeurent.
Le piano et le damier se sont agréablement invités dans les textes, prétextes à la narration de destins croisés où l’échiquier est le théâtre de rivalités en toute amitié ou de luttes à mort. Pions, reines et fous ne combattent pas à armes égales, mais rien n’est joué d’avance.
Notre premier prix : Vorkhouta, par Didier Marelli
La forme poétique nous emmène en Sibérie, au nord du cercle polaire arctique, dans l’univers de la mine qui se fige durant neuf mois, lorsque les hivers reviennent. Dans ce paysage de glace, d’aurores et de brumes blanchâtres, le trou noir béant de la mine engouffre les souvenirs, neuf mois pour se remémorer le goulag, puis l’eldorado et les espoirs évanescents de renaissance. Esthétique scansion que l’on pourrait mettre en musique.
Notre second prix : La patineur et la fouine du Lac de Joux, par Catherine Veuthey
Durant nos hivers sibériens d’antan, le lac de Joux était gelé pendant des semaines entières. De nos jours, patiner sur l’idyllique lac de Joux est une expérience insolite et rare, nous dit l’office du tourisme local, mais « même en cas d’ouverture du lac, il n’est pas sans danger de s’y aventurer ». Qu’importe, accompagnons cet audacieux patineur dans son aventure, à la tombée du jour quand la glace se met à chanter, et plongeons dans ce conte jurassien.
Notre troisième prix : Quelque chose d’incongru, par Sonia Russo
Mathieu souffre d’achromatopsie : disparition progressive des couleurs, ternissement des teintes, disparition même des nuances de gris, sa vue le condamne à vivre dorénavant en noir et blanc. Un monde tranché dans lequel il ne trouve pas sa place. Le moral se dégrade et le lecteur désemparé ose poser son propre diagnostique : bipolarité ? Un matin, coup de tonnerre, coup de sonnette… coup de cœur ? Mais, chut, nous ne vendrons pas la mèche.
Katy Sautebin