Cher Grand-Père,
Me voici depuis trois jours à Paris et je prends enfin le temps de t’écrire.
Le voyage en train s’est bien déroulé. Confortablement installée, je n’ai pas été incommodée par la vitesse et le trajet, finalement, n’était pas si long.
Quand le train est entré en gare, mon cœur s’est mis à battre un peu plus fort, heureuse d’être à destination. En descendant du wagon, j’ai été impressionnée par le hall immense, entièrement vitré. Plusieurs quais sont alignés et plus loin, tu devines des magasins, des restaurants. Un brouhaha bourdonne dans les oreilles. Les nombreux voyageurs, tirant leur valise, vont et viennent comme de petites fourmis. Au milieu de cette foule, j’étais un peu désorientée et je ne savais pas où me diriger pour trouver la sortie. J’ai essayé de me renseigner auprès d’une dame, mais à la grimace qu’elle a faite et à son hochement de tête, j’ai compris qu’elle ne devait rien entendre à notre langue. Finalement, j’ai suivi un groupe de personnes et me suis retrouvée dans la rue.
Tu ne peux pas imaginer, grand-père, le nombre de voitures qui circulent. Elles roulent sur deux, voire trois files. Quand elles démarrent toutes en même temps, c’est impressionnant, comme le troupeau de chèvres qui court pour manger de la luzerne fraîche. Elles sont serrées et il n’y en a pas une qui se laisse dépasser.
Mais rassure-toi grand-père, les piétons sont bien en sécurité sur les trottoirs et des lumières de couleur nous indiquent quand il faut traverser. Il y a aussi beaucoup de gens dans les rues. Tout le monde est pressé. Je le vois aux petits sautillements de leurs pas et à leur tête redressée. Un peu comme les poules de la Mariette, quand le coq les poursuit. A cette allure, tu penses bien que personne n’a le temps de te saluer. C’est dommage.
Ma première visite a été pour la tour Eiffel. Je voulais voir de près ce que les livres m’avaient montré en images. Je ne suis pas déçue, elle est immense et majestueuse. Tu la découvres depuis le champ de Mars, ses deux jambes métalliques écartées de part et d’autre du terrain herbeux, et son corps, comme une flèche, te montre le ciel. Tu ne me croiras pas, mais tu peux monter au sommet de la tour Eiffel avec un ascenseur. J’aurais bien voulu y aller, mais l’attente était de trois heures et je préférais continuer l’exploration de la ville.
Je pense que le quartier que tu aurais préféré, grand-père, c’est Montmartre. D’abord, pour y aller il faut grimper et tu aimes bien ça et puis, une fois en haut tu as une jolie vue sur la ville. Sur une place, des peintres exposent leurs tableaux, ils font même ton portrait si tu le veux. J’y ai vu aussi le « Moulin Rouge », c’est un café et il n’ouvre que le soir. Tu pourras le dire à Joseph, lui qui croyait que les parisiens y amenaient leur blé à moudre.
J’aurais aimer partager avec toi les bords de la Seine, cette grande rivière qui traverse Paris. Sur les quais, tu as de petites cabanes où les marchands vendent leurs vieux livres. Tu as aussi du sable et des chaises longues, comme au bord de la mer. Et le voyage en bateau! Tu aurais adoré ! Nous sommes passés sous plusieurs ponts magnifiques, en pierre, avec des sculptures.
Je marche beaucoup, mais cela me permet de découvrir parfois une parcelle de verdure perdue au milieu des maisons de briques. Bien sûr, ça ne ressemble en rien à nos grandes prairies fleuries, ni à nos forêts odorantes. Là, tu découvres quelques arbres alignés le long d’un chemin goudronné, que tu ne dois pas quitter, car tu ne peux pas marcher dans l’herbe, cela est interdit. Tu peux t’asseoir sur un banc et rester un moment pour te reposer. Tout le parc est entouré d’une haute grille et le soir, un homme vient fermer à clé le grand portail.
J’ai vu aussi des gens pauvrement vêtus dormir sur le trottoir. Ils n’ont certainement pas de maison et personne pour les héberger. Les passants leur donnent un peu d’argent pour qu’il puissent se nourrir. C’est triste de les voir ainsi, par terre, emballés dans des cartons.
Voilà grand-père quelques impressions de mon séjour à Paris. Demain, j’irai aux Galeries Lafayette, ce grand magasin sur plusieurs étages et je vais sûrement y trouver un cadeau pour toi!
Même si cette ville est très belle, j’ai hâte de retrouver l’air de la montagne et le calme. Car ici, je tousse beaucoup et le bruit commence à me fatiguer.
Je t’embrasse très fort. Heidi
Texte de Catherine Venturi Pinton