Depuis le mois de juin, voilà qu’elle m’allume tôt le matin pour m’éteindre aussitôt. Elle est bizarre ces derniers temps, elle ne voit plus mes petites touches qui ne sont que pour elle. Mon « plus » ne fonctionne plus, ma cote baisse, ma barre de lancement fléchit. Je la regarde avec mes applications, je ne sais pas si je prends trop de recul ou si ma vue diminue, mais elle a bien changé avec moi depuis que je la connais.
Lorsque nous nous sommes rencontrés, il y a quelques années, je comptais tellement pour elle, elle n’avait d’yeux que pour moi. Nous affichions un rapport d’insertion indéniable. Elle plongeait en moi, extirpait mes réseaux, bénéficiait de ma bonté. Elle était solide et provocante. Nous avions une palette de projets. Pour elle, j’ouvrais mon champ des possibles. Elle touchait à tout, enregistrait tout, même les aperçus avant les impressions. Nuit et jour, tout était automatique, on fusionnait. J’étais sa chose, elle était ma puce, sans moi sa vie n’avait pas de sens. Seule une panne d’électricité aurait pu nous séparer. Nous étions vraiment liés et inséparables elle et moi.
Mais maintenant, maintenant, elle est en retrait, elle s’éloigne. Elle ne vient plus s’asseoir devant ma table des matières, elle ne vient plus prendre un menu. Elle m’évite.
Comment faire un zoom arrière ? J’ai bien des formules de politesses en tête, mais j’ai peur d’une mise au point. C’est comme si j’avais perdu le code, comme si je perdais un peu de ma mémoire, j’ai tellement de peine que je n’arrive même plus à vous parler d’elle…
Nicole Lachat