Je viens de rencontrer Moa, j’ai 9 ans. Elle était si près de moi, je ne la voyais pas. Quand je lui ai dit : « veux-tu être mon amie ? », elle a dit : Moi ? J’ai dit :
« oui« , elle a dit : « oui« . Amies pour la vie. Avant de la rencontrer, je ne jouais pas. Moa est super, on a les mêmes goûts, on se comprend, en plus, on a les mêmes parents. Des parents pas comme les autres. Les deux, on n’aime pas l’école, les deux on n’y comprend rien, sauf que Moa, elle est un peu plus drôle, et elle me fait rire même quand je suis triste comme dans les livres qu’on lit souvent les deux.
Comme on n’aime pas l’école, on joue à l’école après l’école. On installe assis par terre les écoliers l’un derrière l’autre. Ce sont des peluches ou des poupées. Il y a du beau monde dans la classe. On a volé l’ours gris de ma sœur. Il y a un canard aussi, et une peluche girafe, tellement molle qu’on est obligée de mettre le camion pompier de mon frère dans son dos pour qu’elle reste assise sans pencher.
Moa aime bien le poisson. Elle dit que c’est le plus fort de la classe. Elle a entendu la maîtresse dire de l’élève le plus fort de la classe, c’est Alexandre, qu’il sort de l’eau. Je suis d’accord avec elle pour dire que le poisson qu’on appelle Vendredi est super fort d’être sorti de l’eau, alors on lui met des bonnes notes partout comme Alexandre. Et puis, il y a l’éléphant Ballot, c’est le plus bête de la classe, le plus nul dit Moa, c’est pas avec sa mémoire qu’il fera un jour le premier de classe.
Sur des petits papiers, on écrit, on invente des fautes d’orthographe qu’on met par dessus nos fautes d’orthographe à nous. On dépose les feuilles devant les élèves. Avec Moa, on est super sévère. On les tape les mauvais élèves méchants, on les frappe avec la trompe de l’éléphant. On met des accents graves partout, c’est une faute grave, il y en a un sur le mot « âne » mais là, on n’en met pas pour faire exprès des fautes.
Dans la classe pour jouer, il n’y a que des nuls et des zéros sauf Vendredi qui a des 6. La plus stupide de tous, c’est la poupée russe, elle n’a pas de jambes et pas de bras, bien fait pour elle, elle ne peut pas aller à la récré, alors on profite pour lui donner des punitions. On la prend par la taille, on la dévisse, on l’ouvre et on lui dit : « regarde comme tu es petite ». On se bidonne. Moa se tord de rire, redevient sérieuse, continue avec une voix encore plus grave. Ce qu’t’es petite à l’intérieur ! La poupée russe se défait, devient de plus en plus minuscule, elle nous dit « STOP« . Comme c’est la fin de la récré, on arrête le supplice de casser la poupée russe. Qu’est-ce qu’on aime bien jouer à l’école avec Moa.
Nicole, le 31.10.11