Voilà le challenge du jour : montrer à ma fille comment bien faire les gestes à accomplir.
Nous sommes devant l’évier de la cuisine, toutes les deux serrées côte à côte, je me baisse et je tire le compartiment pour commencer ma leçon.
Ma fille, silencieuse, semble suivre avec attention et minutie chaque mouvement que j’opère.
Je commence par soulever le couvercle, le poser sur le sol pour libérer l’espace. Une odeur forte de poisson de la veille s’échappe. Ce qui ne manque pas de provoquer chez ma fille des spasmes involontaires, l’écœurement se lit sur son visage innocent. De mon côté, je reste stoïque, sans un mot juste avec mon regard, je lui transmets mon assurance et mon calme, ce qui l’apaise aussitôt.
Les yeux grands ouverts, elle voit que des éclaboussures gluantes coulent sur le rebord du bac. Son air trahit son désarroi. Sans aucune hésitation, je lui montre comment donner des coups d’éponge humide, francs et sans état d’âme.
Une fois le pourtour propre, je m’attaque à récupérer les deux bords du sac car les sangles serviront plus tard de fermoir.
Prendre à deux mains les sangles, les tirer petit à petit avec vigilance car je lui explique que le pire pourrait arriver, qu’en soulevant le sac, il pourrait s’ouvrir tout d’un coup par le bas et laisser s’échapper les déchets humides sur le carrelage blanc.
Son visage se décompose comme le contenu de mon sac à composte. Heureusement, le sac semble hermétique. Je lui montre le nœud final qui garantit la fermeture parfaite du sac.
Jusque là, un sans-faute !
Je mets ensuite le sac de côté, et le regard inquiet de ma fille n’en décroche pas.
Je m’attèle au nettoyage du bac vert, deux à trois sprays de détergent au vinaigre, suivis de quelques passages sous l’eau et d’un séchage avec la serviette éponge.
Une fois l’odeur et la saleté éliminées ma fille se détend. Je lui propose donc de me préparer un nouveau sac. Elle tire sur le rouleau jusqu’à l’endroit où il faut détacher le sac. Je la fais ralentir pour éviter tout geste brusque qui provoquerait une déchirure.
Pareil pour la mise en place, le poser doucement, tapisser au fond, poser le couvercle. Et l’exercice touche à sa fin… Bravo !
Un sourire se dessine sur son visage, elle est toute fière.
– N’oublie pas de descendre le sac et ne te trompes pas de conteneur !
Il serait dommage, après tout l’amour et le soin qu’on apporte à nos déchets, que le sac atterrisse au mauvais endroit.
Soafara Randriamiarisoa