Nano pupa nibufu (Laurette Oberson)

 

Mes vacances commencent mal… Mon train a trois heures de retard, arrivée dans une gare bondée, il fait nuit, je suis fatiguée. Je me dirige vers un taxi et tend au chauffeur l’adresse de l’hôtel. Je m’assieds à l’arrière, l’homme n’arrête pas de parler, me fais des signes, je ne comprends rien. Je sors mon téléphone portable et fais mine de le consulter. L’homme se tait et démarre.

J’observe les rues illuminées, les passants qui déambulent, la foule qui sort d’une bouche de métro. Le trafic est dense, la conduite du chauffeur sportive, les coups de freins secs. Il s’arrête enfin, je paie la course, descend de la voiture. Il ouvre sa portière et me rejoint sur le trottoir. Il m’attrape le bras et d’un grand geste me montre un grand bâtiment. Il est encerclé de barrières métalliques où s’entrelace du ruban plastique rouge et blanc. Les fenêtres n’ont plus de vitres, la façade est noircie, une enseigne « Otel » pendouille dangereusement à son fil électrique. Mon hôtel à cramé. C’est ce que mon chauffeur essayait de me dire quand il m’a embarqué ! Je le regarde des larmes pleins les yeux. Je me sens perdue, démunie. Dans mon sac, huit phrases et leur traduction dans cette langue étrangère, qui ne me servent à rien.

Je me lance et dis à mon chauffeur… Nano pupa nibufu (la fille mange la pomme)

Je ne comprends pas ce qu’il me répond, il me pousse dans la voiture et démarre. Je n’ai pas peur, confiante, je crois même que je me suis endormie un petit moment. La voiture s’arrête devant une jolie maison, mon chauffeur ouvre la portière, me prend le bras et me guide jusqu’à la porte. Il l’ouvre et se met à parler, apparaît alors une femme qui me prend par la main. Elle me conduit dans un vaste salon, me fait signe de m’asseoir sur le fauteuil et me tend une pomme.

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