Tout est devenu ROUGE. C’est rouge. C’est à crier, tellement c’est rouge. Le sang qui coule sur le dos de l’animal, le rouge tache sa peau grise. Les braconniers l’ont tué de leurs flèches tellement rouges que le soleil en pleure. Déjà, ils lui retirent ses défenses. L’ivoire est rouge de honte. Le rouge des blessures comme celui de la colère.
Tout est devenu VERT. C’est vert. C’est à crier, tellement c’est vert. De la tête au pied, il est vert. Pâle sous son uniforme vert, son visage est bariolé.
Tout est vert autour de lui, il se confond avec la forêt. Il est vert autour de ses yeux hagards qui cherchent une issue, un secours.
Son haleine empeste le vert de la mousse, de la décrépitude.
Il tombe au milieu du vert de la mare, englouti bientôt par la boue et le vert des nénuphars.
Le vert de sa main tendue comme celui d’un appel inutile.
Tout est devenu JAUNE. C’est jaune. C’est à crier, tellement c’est jaune.
La poussière des pollens inondent le jardin de ce jaune lumineux. Bientôt, les doigts sont jaunes sous les pétales. Jaune, le bout de son nez que la fleur effleure. Jaunes ses cheveux bouclés. Tout est jaune dans sa main. Les fleurs écrasées donnent leur poudre jaune.
Inondé par le soleil jaune, le pré n’arrête pas de jaunir et l’enfant sourit.
Le jaune de l’été comme celui de son rire.